Lura


Lura est née à Lisbonne. Elle a dix-sept ans quand Juka, chanteur à succès originaire de São Tome et Principe, lui demande de participer à son nouvel album. D’abord pressentie pour faire partie des chœurs, elle finit par chanter en duo avec lui. C’est un succès.

Le zouk de Juka est un succès: d’autres célébrités afro-lusophones de Lisbonne proposent à Lura des collaborations, l’Angolais Bonga, ses compatriotes Tito Paris, Paulo Florès, Paulinho Vieira… Entre-temps, elle participe à une troupe de théâtre quand un producteur portugais réalise son premier album, un disque pour faire danser la génération de Lura, zouk love sirupeux et sucrerie r’n’b en version créole capverdien.

Mais, malgré le côté recette commerciale et vieilles ficelles de cet album, la chanson Nha Vida (Ma vie) retient l’attention puisqu’elle sera sur une compilation Red Hot + Lisbon, pour la lutte contre le SIDA, qui rassemble des chansons de Caetano Veloso, Marisa Monte, Djavan, stars du Brésil, Bonga ou la chanteuse du groupe portugais Madredeus, Teresa Salgueiro Lura a alors 21 ans.

Lusafrica repère la jeune prodige grâce à son duo avec Bonga sur la chanson Mulemba Xangola, et produit en 2002 son second album. Il faut attendre 2004 pour écouter Di Korpu Ku Alma (De corps et d’âme), le vrai disque capverdien de Lura, propulsé au pays et parmi la diaspora par le succès de Vazulina.

Un chant écrit par Orlando Pantera (comme Na Ri Na, Es Bida, Batuku ou Raboita di Rubon Manel) le jeune auteur qui révolutionna une des traditions fortes du Cap-Vert avant de disparaître. Une manière reprise par toute une génération de nouveaux artistes.

L’une des rares femmes à composer dans le très riche univers de la musique créole, Lura signe plusieurs morceaux du disque. Dans So um cartinha(Juste une petite lettre), elle s’y amuse d’une pratique bien capverdienne qui consiste à demander à la famille et aux amis de passage à Lisbonne de se charger d’emporter «une petite lettre» – et à qui l’on présente une malle pleine.

Également de sa composition, les emblématiques Mundô Nos et Oh Náia, composés avec le pianiste Fernando Andrade, et la belle morna Tem um Hora pa Tude (Il y a un temps pour tout), inspirée, dit-elle, par une tournée avec Cesaria Evora dans divers pays du nord de l’Europe en juin 2003.

Elle s’est découverte capverdienne – sans pour autant cesser d’être portugaise grâce au Créole avec les amis. Aujourd’hui elle est fière de parler et appris à l’école d’écrire ses chansons dans un Créole profond, venu du fin fond de la terre des îles. Enfant, elle voulait être danseuse. Plus tard, elle enseigna la natation. La musique l’a sortie de l’eau. Une perte pour ses élèves, un gain pour nous tous qui l’écoutons aujourd’hui.



 

 

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